En 2012, utilisateurs et investisseurs pourraient reconsidérer leur stratégie immobilière
Après une année 2011 de consolidation, les menaces obscurcissant l’horizon économique ont accentué la prudence des entreprises, menant d’ores et déjà au report de quelques transactions. Mais d’autres facteurs pourraient peser sur la demande des utilisateurs dans les prochains mois, les conduisant à reconsidérer leur stratégie immobilière. La poursuite de la dégradation de la qualité de l’offre est l’un de ces facteurs. Ainsi, seul un tiers des 550 000 m² qui seront livrés l’an prochain sont encore disponibles, annonçant dans les secteurs géographiques les plus prisés une forte pénurie de bureaux neufs qui se prolongera en 2013. « Contrariant les projets immobiliers de nombreux utilisateurs, cet assèchement ponctuel pourrait favoriser l’attentisme des entreprises, mais aussi les inciter à se positionner de plus en plus en amont sur des opérations afin de profiter de conditions de bail optimales et répondre à l’absolue nécessité de réaliser des économies » explique Olivier Gérard. L’évolution des normes IFRS pourrait également avoir des incidences sur le marché immobilier français. Attendue pour le 1er trimestre 2012, la nouvelle mouture du projet de révision de la norme comptable IAS 17 devrait assimiler les contrats de location à une dette, ce qui pourrait inciter les entreprises à acquérir plutôt qu’à louer. Celles-ci pourraient aussi s’engager sur de plus courtes durées, ce qui ne serait pas sans incidences sur l’ampleur des mesures d’accompagnement consenties par les bailleurs et sur le niveau effectif des loyers. Le 1er trimestre 2012 devrait connaître d’autres évolutions règlementaires importantes. Ce sera le cas de la publication du décret d’application portant sur l’amélioration de la performance énergétique du parc tertiaire existant, prévue dans le cadre de la loi du 12 juillet 2010 dite « Grenelle 2 » et également susceptible d’affecter les relations entre bailleurs et locataires.
« La détérioration du climat économique, l’inadaptation croissante d’une part conséquente du parc des bureaux d’Ile-de-France et l’évolution probable des rapports entre propriétaires et utilisateurs feront de 2012 une année charnière pour le marché locatif des bureaux d’Ile-de-France. Elle le sera également pour le marché français de l’investissement, puisque ces différents éléments auront des conséquences sur l’évolution de la valeur des actifs comme sur la pertinence d’investir ou non en dehors des marchés core, qui restent aujourd’hui privilégiés par les investisseurs » poursuit Olivier Gérard.
Les prochains mois seront en effet décisifs. Ainsi, l’absence d’amélioration franche de la crise de la dette de certains Etats européens et la perte possible du triple A de la France et ses incidences sur la santé de grands établissements bancaires français semblent dessiner un horizon bien sombre pour le marché immobilier français. Accentuées du fait de l’approche d’importantes échéances électorales, les incertitudes du climat économique pourraient ainsi conduire à un certain blocage du marché notamment lié, en termes d’investissements, au décalage grandissant entre les attentes des vendeurs et des acquéreurs. « Ne cédons pas toutefois au pessimisme. Si la pénurie d’offres de qualité, à la location comme à l’acquisition, ne se dément pas, les fondamentaux de notre marché immobilier restent sains en dépit de troubles dus, pour l’essentiel, aux marchés financiers. Dans un contexte d’assainissement progressif des finances publiques, le scenario le plus probable est donc celui d’une légère correction à la baisse des volumes investis et de la demande placée de bureaux, qui ne remettront pas en cause la solidité du marché français de l’immobilier d’entreprise » conclut Olivier Gérard.