… Ce n’est pas détruire des baraques, c’est accompagner 850 millions de personnes vers un habitat digne.
Le 6e Forum urbain mondial (Fum) a commencé samedi dernier à Naples pour une semaine de débats sur les villes de demain sous l’égide d’ONU-Habitat.
Le Gret y défend les intérêts des habitants des bidonvilles : pour améliorer les conditions de vie, les opérations urbaines doivent sortir du « toutinfrastructures » ou du « tout-politique ».
« L’habitat est une problématique sociale et pas seulement politique ou technique, rappelle Virginie Rachmuhl, spécialiste des questions urbaines au Gret. Trop souvent, les opérations urbaines sont réalisées pour des motifs sécuritaires (quartiers dangereux), économiques (concurrence entre les territoires), ou électoraux, sans prendre suffisamment en compte les habitants. » Les conséquences sont des investissements importants d’infrastructures au détriment de l’accompagnement social et de nombreux déplacements de populations dans des zones parfois excentrées ou sous-équipées. Pour les familles,
se déplacer affaiblit des liens de solidarité, provoque un sentiment d’isolement, et exige un effort financier important pour reconstruire le patrimoine perdu.
Parce que 2/3 des habitants des bidonvilles vivent en Afrique, le Gret a analysé quatre opérations en Mauritanie (Nouakchott), au Maroc (Casablanca), au Rwanda (Kigali) et au Sénégal (Pikine Irrégulier Sud) et recommande notamment quatre priorités pour la prise en compte des habitants :
– Connaître les dynamiques sociales dans les quartiers pour définir les groupes d’habitants éligibles
à un logement, à une indemnisation en cas de déplacement (pour compenser les pertes), pour éviter les stratégies opportunistes, les passe-droits ou les fausses déclarations.
– Accompagner les habitants avant, pendant et après les opérations : les informer, gérer les confits, organiser la concertation, aider à constituer des dossiers administratifs ou financiers, accompagner
les constructions, l’accès aux services et le développement économique.
– Impliquer les habitants dans les décisions, pour éviter des négociations, pressions ou blocages, au seul profit des habitants les plus influents.
– Sécuriser l’accès à la terre des habitants plutôt que d’imposer systématiquement la pleine propriété individuelle: l’obtention d’un titre de propriété est difficile (lourdeur et coût des démarches).
D’autres moyens permettent de sécuriser l’occupation comme la location, la location-vente, les baux collectifs. Les plus-values issues du foncier, via la fiscalité notamment, devraient être récupérées en
partie par la puissance publique pour financer le développement urbain.