Alors que la réglementation thermique 2012, visant la diminution de 50% à 70% des consommations énergétiques des logements neufs, entrera en vigueur au 1er janvier 2013, l’Association pour la qualité du logement QUALITEL a présenté, lors de la Tribune qu’elle organisait à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, les résultats de son enquête « Vivre dans un logement BBC ». Cette étude pluridimensionnelle a permis de mesurer les consommations réelles de 15 logements basse consommation (18 à la fin de l’étude), d’en évaluer les coûts et d’étudier le vécu de leurs occupants.
Commanditaire de cette enquête dont le rapport final sera rendu public en janvier 2013, CERQUAL, organisme certificateur de QUALITEL, a suivi durant deux ans, 6 résidences bénéficiant du label BBC Effinergie®, qui anticipe la RT 2012. Les premiers résultats de l’enquête permettent de dresser un constat encourageant et soulignent la nécessité, pour les professionnels comme pour les particuliers, de rester dans une dynamique d’apprentissage.
Les résidences étudiées par CERQUAL font partie des premières opérations BBC construites en France. Elles sont habitées depuis au moins 2 ans (livraison entre novembre 2009 et novembre 2010). Cette enquête, repose sur une analyse à 3 dimensions : sociologique, économique et technique.
L’échantillon qualitatif comprend du locatif social, de la copropriété, des programmes de logements collectifs et de maisons individuelles groupées, implantées dans des régions aux climats différents. Le type de structure et d’équipement est diversifié. Ces logements bénéficient tous d’une isolation par l’extérieur.
Une amélioration de la maîtrise des investissements
Si le coût d’investissement des premières opérations BBC a tendance à être plus élevé que pour celles répondant à la RT 2005, du fait notamment de la sur-isolation, du recours au triple vitrage ou du solaire photovoltaïque, l’enquête souligne que la maîtrise des coûts s’améliore dans le temps.
À titre d’exemple, un maître d’ouvrage ayant réalisé l’une des opérations étudiées dans l’habitat collectif, réalise aujourd’hui ses logements BBC autour de 1100 euros / m2 habitable contre 1230 euros en 2009.
Des consommations conventionnelles aux consommations réelles
L’enquête rappelle que les consommations conventionnelles sont des prévisions basées scénarios d’occupation et de comportement des ménages. Il est donc normal qu’il y ait des différences.
Contrairement à l’idée dominante que le réel est toujours « au-dessus » du conventionnel, l’enquête montre que les consommations de certains ménages se situent en dessous des prévisions. Si un nombre équivalent de ménages consomme plus, cela dépend moins des critères techniques du logement que du comportement adopté par les occupants différent de celui défini par la convention.
L’enquête a mis en évidence 6 facteurs déterminants la consommation énergétique des logements : le nombre de personnes, la durée d’occupation, le niveau d’équipement électroménager, le choix de la température intérieure, les habitudes de ventilation et la maîtrise des équipements (la chaudière ou la ventilation).
Dans l’ensemble, l’enquête révèle que le coût de l’énergie pour l’occupant est satisfaisant : il est dans la majorité des cas inférieur à 60 euros par mois et ne dépasse pas 108 euros par mois dans l’échantillon observé.
Le niveau de satisfaction des occupants est globalement bon
Une majorité d’occupants jugent le confort d’hiver globalement satisfaisant et le confort d’été correct bien que ce dernier puisse être insuffisant dans les pièces orientées plein sud, dans les maisons individuelles situées dans le Sud de la France. Le taux de CO2 de l’air intérieur est également correct. La qualité technique des logements livrés est globalement bonne.
Qualité de l’air intérieur : premiers retours
La qualité de l’air a également fait l’objet d’une étude spécifique réalisée sur 2 bâtiments à Caen et Rennes.
Les mesures de qualité de l’air montrent de bons résultats sur les COV et des différences surtout liées à l’activité humaine (désodorisant, bougies, ameublement…). Pour le formaldéhyde, un dépassement est enregistré sur deux logements à Rennes et Caen, par rapport aux valeurs de l’observatoire de la qualité de l’air.
Comme l’a rappelé Raphaël SLAMA, président de QUALITEL : « nous observons une montée en puissance de nouveaux critères comme l’étanchéité à l’air, pratiquement ignorée avant la RT 2005 et aujourd’hui maîtrisée par les professionnels. Ceci a des conséquences sur le logement en termes de qualité de l’air intérieur. Le décalage dans les calendriers de réglementations a conduit à différer ce sujet qui doit être pris en compte ».
L’importance de l’apprentissage
L’enquête souligne la nécessité pour les professionnels de poursuivre la capitalisation de leurs expériences dans le domaine du BBC, et de prendre en compte l’importance des retours d’expériences et de l’information auprès des usagers.
•Côté professionnels, CERQUAL a constaté une évolution des pratiques entre la première opération BBC et les opérations actuelles. Il est nécessaire de rester dans une logique d’apprentissage dédiée à chaque public (entreprises, responsables de l’entretien, maîtres d’œuvre et d’ouvrage…).
Au final les professionnels expérimentés savent qu’on peut faire du BBC avec des dispositifs traditionnels.
•Côté usagers, l’enquête met en évidence 3 principaux profils d’occupants :
– les « connaisseurs » : personnes qui connaissent le BBC et cherchant à en tirer le meilleur parti ;
– les « utilisateurs » : personnes qui ne le connaissent pas et l’utilisent comme un logement usuel ;
– les « indifférents » : personnes se satisfaisant d’être dans un logement neuf et l’utilisant parfois de façon peu conforme.
Face à ces différents types de profils, les professionnels doivent adapter l’information, une tâche délicate dans la mesure où ces différentes catégories de ménages peuvent cohabiter au sein de la même résidence.
Pour être pertinente et assimilée, l’information doit s’adapter aux 3 phases d’appropriation du logement :
•L’emménagement (informations essentielles),
•Après l’emménagement où les occupants sont confrontés à l’utilisation des équipements,
•Un an après, la période des premiers bilans.
Antoine DESBARRIERES, Président de CERQUAL conclut : « La bonne maîtrise d’un logement BBC nécessite un apprentissage de la part des habitants. Cela suppose une compétence et une disponibilité du bailleur ou du syndic de copropriété pour les informer. Cela suppose également une prise de conscience et une responsabilisation des ménages de façon à modifier leur mode de vie. Notre outil GISELE a vocation à répondre à cet enjeux ».