Entre pénurie et hausse des taux, le marché immobilier suisse se retrouve confronté à une perte d’attrait pour les investisseurs et à une hausse des coûts pour les locataires et les propriétaires. Pour autant, il semble plus s’agir d’un atterrissage en douceur qu’autre chose.
Selon le Crédit Suisse qui a publié son étude annuelle, le revirement des taux d’intérêt est en train de mettre fin au cycle dynamique et haussier de l’immobilier qui perdurait depuis 23 ans. En effet, le prix au m² des maisons et des appartements qui a augmenté de 86,1 % depuis l’an 2000 a commencé à baisser pour arriver à une évolution prix m² négative pour la première fois au début de l’année 2023. Néanmoins, à l’inverse de la situation observée à l’étranger, le marché immobilier suisse semble seulement entré dans un processus de normalisation, même s’il faut rester prudent compte tenu de la hausse des taux d’intérêt qui représente un défi majeur. Des modifications raisonnables de prix sont toutefois attendues s’agissant de la propriété matière de logement et des immeubles résidentiels de rendement.
La pénurie des biens à vendre garantit le niveau des prix !
Le revirement des taux d’intérêt a entraîné une baisse significative de la demande d’achat de logement d’autant plus que la nouvelle hausse des prix des biens à vendre réduit la demande d’acheteurs éventuels.
Aujourd’hui, la charge financière annuelle pour un propriétaire de bien immobilier est de 47% plus élevée que pour un bien à louer comparable. Pour un investisseur acheter un bien pour le louer n’est pour, le moment, aussi intéressant qu’avant.
Les économistes spécialistes du marché immobilier helvète s’accordent à dire que c’est seulement en 2024 qu’une légère baisse des prix commencera à intervenir à l’occasion des périodes de plus forte commercialisation, permettant ainsi aux prix de réussir à presque se maintenir.
Une pénurie de biens à louer qui semble partie pour durer
La demande de biens à louer a continué d’augmenter en 2022 notamment en raison du taux d’immigration dans le pays qui est à son plus haut niveau depuis huit ans. En effet, les demandes de biens en location vont continuer à croitre notamment en raison de la réelle pénurie de main-d’œuvre qualifiée et d’un taux d’immigration élevé. Les logements mis sur le marché locatif continueront à augmenter dans le second semestre de l’année 2023 malgré une conjoncture qui s’assombrit. En effet, bien que la demande de logement soit croissante, le secteur de la construction reste en baisse en matière d’offre de biens immobiliers à louer, et cela dans la majorité des régions suisses, eu égard à la trop faible quantité de logements construits.
L’augmentation des taux d’intérêt conjuguée à celle des prix dans le secteur de la construction au ralentissement de l’activité de construction et à une hausse non négligeable des loyers sont autant de paramètres qui rendent improbable à court terme un arrangement de la situation actuelle en Suisse. Par voie de conséquence, le taux de vacance locative devrait continuer à baisser.
Anne Vaneson-Bigorgne